C’est en hommage à son grand-père Cristobal, originaire d’Andalousie, qui lui a transmis la passion de l’artisanat, que Melissa Leseur a créé sa marque : Alma Cuántica Collection. Et c’est le cœur rempli de parfums d’orange et de maisons blanches du sud de l’Espagne qu’elle a construit l’identité de cette dernière. Ses bougies parfumées permettent à chacun de replonger dans sa propre histoire, au détour d’une senteur, d’une forme, d’une couleur, d’une matière. Des objets en outre à la dimension hautement spirituelle, pour voyager en Méditerranée et dans nos souvenirs…

Quels souvenirs gardes-tu de ton grand-père ?

C’était un homme passionné et fédérateur qui avait beaucoup de classe et de faconde. Il aimait rencontrer les gens, leur parler. Et les aider : il a toujours porté tout le monde, souvent trop d’ailleurs… Il se montrait aussi très généreux dans la découverte, la transmission. Pour alimenter son entreprise de maçonnerie, il allait en permanence à la recherche de matériaux, de techniques ; même en vacances, lorsqu’il retournait en Espagne, il partait voir les artisans, les carrières de marbre… Et il m’emmenait partout avec lui, désireux de partager avec moi tout ce qu’il savait, comme il l’avait fait auparavant avec ma mère et ma tante, ses filles.

Au moment où nous parlons, Melissa sent passer derrière elle l’odeur des cigarillos La Paz que fumait son grand-père, ce qui ne s’était pas produit depuis son décès il y a près de 20 ans. Comme un signe…

C’est un précieux héritage…

Je le porte en moi et il m’a nourrie. Durant toutes les années où j’ai été directrice artistique dans différents secteurs en agence, j’ai senti que le contact avec la matière, l’objet, cette part purement créative de l’artisanat, me manquait. C’est pour cette raison que j’ai eu envie et besoin de créer ma marque.

Pourquoi avoir fait le choix de créer des bougies ?

Cette idée m’est venue immédiatement. Je suis issue d’une famille très fervente ayant un rapport intime à cet objet. Par exemple, le 24 décembre, avant le repas de Noël, nous allons nous recueillir à l’extérieur de la maison pour rendre hommage à nos chers disparus. Nous allumons alors une bougie bleue que nous laissons brûler toute la nuit et s’éteindre naturellement le lendemain. Même si je suis passionnée de décoration, la bougie n’est donc pas seulement pour moi un bel objet. Elle revêt aussi une grande part spirituelle.

Et quels souvenirs d’enfance gardes-tu de l’Espagne ?

Ma famille est issue de Murcia, dans la région de Malaga, au sud de l’Andalousie. La maison de mon arrière-grand-mère était à fleur de montagne, encastrée dans la roche et entourée de figues de Barbarie. Je me souviens aussi d’un gros olivier à l’entrée. Au début, le confort y était rudimentaire. C’était typique et hors du temps. Nous nous retrouvions toujours une trentaine autour de la table. Je donnerais tout aujourd’hui pour revivre ces moments familiaux exceptionnels… Il m’arrive souvent d’en rêver d’ailleurs et cela nourrit beaucoup l’esprit d’Alma que j’ai vraiment pensée comme une famille.

Deux lieux en particulier, où nous nous rendions chaque été, habitent également ces souvenirs et m’ont énormément inspirée pour Alma :
– la « route des céramiques », une longue ligne droite sur laquelle, de part et d’autre et à perte de vue, s’alignaient des magasins de céramiques. Une vraie caverne d’Ali Baba !
– les carrières de marbre de Macael (une des zones d’extraction les plus importantes au monde), où mon grand-père repérait des pièces à ramener en France pour sa société. J’adorais déambuler dans ce paradis blanc et j’en garde un amour profond pour ce matériau.

Cet esprit de famille t’a guidée dans la recherche de tes artisans ?

C’était indispensable pour obtenir un résultat qui me ressemble. J’ai sillonné la Provence à la recherche de ceux qui allaient pouvoir m’accompagner dans mon projet : des artisans locaux et passionnés, adhérant à mes valeurs, à mes principes et touchés par mon histoire. J’ai alors eu la chance de rencontrer Florence Lucchini (céramiste à Eyguières) et Sylvain Brevot (maître cirier – un des derniers de la région – à Auribeau). Quant aux parfumeurs, Patrick Boyer et Christian Bursachi, c’est à Saint-Vallier-de-Thiey, sur les hauteurs de Grasse (capitale mondiale du parfum) que je les ai trouvés. Comme ils le disent si bien :

« Chaque senteur est un message… »

Comment tes créations traduisent-elles tes souvenirs ?

Elles y ramènent toutes, tant au niveau visuel qu’olfactif. L’identité d’Alma se construit autour de deux éléments principaux : la faïence blanche fait référence à la chaux, très présente dans le sud de l’Espagne ; et le parfum de l’orange, qui exprime mon amour profond pour mes origines andalouses, trace le fil rouge de toutes nos senteurs.

Ton logo, très décoratif, est un élément-clé de tes créations. Quel sens a-t-il ?

Il s’agit d’un arbre des souvenirs surmonté d’une étoile qui représente mon grand-père.

As-tu déjà d’autres projets de créations ?

Le champ de la création est illimité et dans ma tête tourne déjà une collection sur cinq ans ! A côté des bougies que je vais bien sûr continuer à développer car il s’agit de mon cœur de gamme, j’aimerais aller aussi vers les arts de la table qui me passionnent.

Sur le salon Vivre Côté Sud, tu étais d’ailleurs dans une quête frénétique de carafes…

J’en suis folle ! Cet engouement me vient de ma grand-mère napolitaine car les Italiens ont un goût prononcé pour les objets très colorés, exubérants et décoratifs qui apportent tout de suite beaucoup de cachet à la table la plus simple. Et sur une belle table, rien de pire qu’une bouteille d’eau en plastique !

Entre l’Espagne et l’Italie, la Méditerranée coule vraiment dans tes veines !

Je suis une vraie Méditerranéenne, c’est certain ! Cela se reflète notamment dans mon approche de la famille et de l’art de vivre qui est elle-même véhiculée par ma marque. Les grandes tablées familiales font partie de notre culture !

Dans un monde où l’on trouve tout à tous les prix, l’argumentation tarifaire est devenue un défi du quotidien pour les créateurs artisans…

Il est souvent nécessaire en effet d’expliquer tout ce qui justifie un prix, de faire ce travail d’éducation, même s’il existe heureusement des acheteurs éclairés connaissant les différences qui opposent les produits de masse et l’artisanat. C’est l’exigence de qualité qui le permet. Chez Alma, tout est fait-main, dans la région, avec des matériaux d’exception, le soin des finitions et du détail… : cela a un coût. Nous offrons également un service différent : par exemple, chaque pot en faïence de notre bougie signature Magnifica est tourné, façonné et émaillé par les mains de notre céramiste, ce qui rend l’objet unique ; les pochons sont quant à eux confectionnés par ma grand-mère. Alors tout cela demande plus de temps mais prendre celui de bien faire les choses me correspond donc me convient.

Cela correspond aussi à ton choix sélectif de référencement…

Etre partout revient à être nulle part et il me semble essentiel de conserver cette rareté, de la création à la vente. J’ai à cœur d’offrir à mes produits de beaux écrins, raison pour laquelle j’envisage également dans l’avenir de collaborer avec des établissements hôteliers (en priorité tournés vers la Méditerranée). Ce sont en effet des lieux privilégiés de l’art de vivre auquel je tiens et du souvenir : celui des vacances, avec tout ce que cela comporte en termes d’émotions visuelles et olfactives. Je projette aussi de leur proposer d’accompagner la création de leur propre univers olfactif et d’objets à leur nom car c’est le souhait de nombreux hôteliers qui ne savent pas à qui s’adresser pour le réaliser. Mais le plus important reste pour moi de travailler avec des personnes partageant mes valeurs, ma philosophie, d’établir une vraie collaboration au-delà de l’aspect commercial. Parce que luxe et partage ne sont pas incompatibles. Fabriquer de beaux objets sans âme ne m’intéresse pas. ■

ALMA CUANTICA COLLECTION
17 rue du Puits Saint-Pons
13012 Marseille
06 37 22 98 89
almacuanticacollection.com

Crédits photos :
Visuels 2, 3, 4, 9, 10, 18 : Melissa Leseur DR
Visuels 5, 6, 7, 8 : remerciements au groupe FB « Puerto Lumbreras, de Ayer y de Hoy » pour son aimable autorisation.

LES BONNES ADRESSES DE MELISSA

Si Melissa porte l’Andalousie pour toujours dans son cœur, lorsqu’elle se rend en Espagne aujourd’hui, c’est davantage à Cadaqués, proche de la frontière donc plus facilement accessible, surtout depuis Marseille où elle vit.

Restaurants
Talla – Riba Pitxot, 18 – Cadaqués
On a vraiment l’impression de manger sur l’eau : une expérience incroyable.

El Barroco – Carrer des Pla d’en Retalla, 1 – Cadaqués
Niché dans un ancien moulin à huile du 18e siècle, en plein cœur du village.

Blanc – Riera de Sant Vicenç, 3 – Cadaqués
Une cuisine méditerranéenne d’exception valorisant les produit locaux.

Endroit où boire un verre
Sa Freu – Carretera Cap de Creus
Au nord de Cadaqués, ce bar à tapas perché sur l’une des plus hautes collines de la région offre une vue panoramique à couper le souffle sur le parc naturel de Cap de Creus. C’est aussi la résidence de musiciens excentriques. L’endroit parfait pour déconnecter et passer du bon temps !

Hôtel
Villa Gala – Carrer Solitari, 5 – Cadaqués 
Un bel hôtel de charme de seulement 14 chambres (toutes vue mer) avec jardin, terrasses, piscine et restaurant (cuisine locale créative). Vraiment très agréable !

Boutique de spécialités
Pâtisserie Can Cabrisas – plaça Doctor Trémols, 8 – Cadaqués
Cette pâtisserie confectionne les taps dolços (petits bouchons sucrés typiques du village à base de génoise à la cannelle et au citron recouverte de sucre glace) selon une recette du 18e siècle. Un délice !

Artisan
Areté de l’Empordà – Carretera Girona, 33 – Sant Feliu de Guixols
De belles céramiques artisanales, toutes pièces uniques.

Magasin (déco, mode…)
Pepa – Carrer Dr Pons – Cadaqués
Les plus belles pièces de créateurs (prêt-à-porter, chaussures, sacs et accessoires) à dénicher. De vraies pépites !

Colmado – Carrer del Dr Gallis, 12 – Cadaqués
Un concept-store à l’esprit bohème proposant des articles en fibres naturelles, du linge de maison, de la vaisselle, des objets de déco, des accessoires de mode…

Lieu culturel
Peratallada – Commune de Forallac – Province de Girona
Un beau village médiéval abritant un riche patrimoine historique et culturel.

Endroit insolite
Maison-musée de Salvador Dali – Platja de – Portlligat
C’est dans cette maison que Dali vécut et travailla principalement. Un endroit hors du temps, fascinant, complètement surréaliste et si inspirant…

Plage
Cala Sa Conca – Platja d’Aro – S’Agaro
Une crique magnifique à l’eau turquoise et entourée d’une forêt de pins.