J’ai rencontré « Mondo » il y a quelques années à Paris où il jouait alors au théâtre dans La Femme du boulanger aux côtés de Michel Galabru. C’est à la même époque que je l’ai vu pour la première fois en concert. Lui qui travaillait alors (et travaille toujours) à Air Corsica, voyait aussi sa carrière artistique prendre son envol… Depuis, il s’est également lancé en politique en devenant adjoint au maire d’Ajaccio délégué à la langue corse et aux festivités, mission qui lui convient à merveille tant elle lui permet de mettre ses passions au service de la communauté et de défendre des valeurs qui lui sont chères. Embarquement immédiat avec l’un des meilleurs ambassadeurs de la culture corse…
Tu multiplies aujourd’hui les activités professionnelles mais commençons par le commencement, déjà très représentatif de ton île : Air Corsica…
J’ai intégré la compagnie il y a vingt-cinq ans. J’y suis technicien d’opérations : je m’occupe de ressources humaines (planning des hôtesses, des stewards, des pilotes) et, avec une formation ESMA, d’aspects plus techniques (plans de vols en fonction du flux aérien, de la météo…), les deux étant bien sûr liés. C’est un métier passionnant !
Quand a véritablement démarré la carrière artistique que tu mènes aujourd’hui en parallèle ?
En 2012, lors d’un casting sur Paris, j’ai fait l’une des rencontres décisives de ma vie : Alain Sachs, le metteur en scène de La Femme du boulanger, pièce dans laquelle j’ai obtenu le rôle chanté du berger corse. En comptant les dates de la tournée, nous l’avons jouée plus de 200 fois. A cette époque, je me suis donc mis « en dispo » durant un an et demi. Ce fut une aventure humaine et artistique incroyable !
© Paule Santoni
Tu chantes depuis l’enfance ?
Je chante depuis l’âge de 15 ans. Les Corses, pour la plupart catholiques, sont très pratiquants et le chant rythme tous les grands moments de leur vie, sachant que les polyphonies sont ici utilisées comme chants sacrés. Si la Corse est française depuis 350 ans, elle a jadis appartenu à Rome, aux Toscans, aux Génois, comme beaucoup d’îles. Elle fut terre vaticane également, et que son évêque soit créé aujourd’hui Cardinal par le pape François fait resurgir l’histoire de Corse… J’adore la vie pour ces belles surprises ! Cette appartenance à l’Italie en général et au Vatican en particulier a engendré la construction de très nombreux édifices religieux (590 églises, 180 couvents), et de fait beaucoup de confréries ont vu le jour (1 personne sur 100 est confère ou consœur ici). Les premières datent du Moyen-Âge. C’est un moine napolitain qui les a créées pour développer des liens profonds de fraternité et d’entraide entre les hommes. Elles regroupent des fidèles de tous milieux sociaux qui s’engagent à apporter, selon leurs possibilités, une aide concrète aux plus démunis. C’est donc dans ce cadre que j’ai fait mes gammes… Je me suis rapproché de différents groupes polyphoniques avant d’y être intégré progressivement. Puis je me suis mis à la guitare, comme souvent en Méditerranée où elle nous « démange » à la moindre occasion. Mais ce que j’aime le plus, c’est écrire des textes. J’ai d’ailleurs toujours à portée de main mon petit « carnet magique » dans lequel je note au fil de la journée les idées, phrases, mots qui jaillissent en moi ou que j’attrape au vol ici ou là…
« Ce que j’aime le plus, c’est écrire des textes. »
1 © Elisa Tramoni, 2 © Mauricette Schnider
Comment es-tu passé du chant polyphonique au registre qui est aujourd’hui le tien ?
Avec quelques amis, nous avons commencé à chanter des chansons contemporaines corses puis j’ai participé à ce qu’on appelle ici dans le monde culturel le riacquistu, c’est-à-dire la réappropriation de la langue et de la culture corses par le chant populaire. On sortait du chant polyphonique et du chant traditionnel pour arriver à la variété. J’ai alors enregistré mon premier album, Distinu (« Destin »), qui s’est vendu à 5 000 exemplaires sur l’île. Je me suis occupé de tout : production, livraison (à mobylette !), facturation, etc. Une sacrée formation ! Mais lorsque j’ai commencé, le monde de la musique vivait un grand bouleversement. Avec l’arrivée d’Internet, les téléchargements illégaux se sont multipliés, entraînant une chute des ventes de disques. D’ailleurs, à l’époque, à l’issue d’un spectacle, il était fréquent qu’une personne achète un CD et dise devant l’artiste aux personnes qui l’accompagnaient qu’elle leur en ferait la copie… C’était devenu un fait de société.
Et comment t’est venue l’idée de cet hommage à Tino Rossi ?
Dans La Femme du boulanger, je chantais déjà un peu du Tino, ce qui plaisait beaucoup à Michel Galabru, qui avait été son ami. Lorsqu’il est venu à Ajaccio, où Tino est né à 30 mètres d’ici (au 45 rue Fresh, ndlr), il a regretté que personne n’ait jamais pensé à lui rendre hommage. Il faut dire que nul n’étant prophète en son pays, on le considérait ici comme un chanteur un peu ringard. Comme tous ceux de ma génération, j’avais de lui essentiellement le souvenir de ce monsieur déjà âgé chantant « Petit Papa Noël » à la télé… Et comme il chantait la Corse en français, en grandissant je ne me suis pas davantage penché sur son répertoire. Mais Michel m’a fait prendre conscience qu’il était dommage que je connaisse si mal cet artiste pourtant adulé dans le monde entier. Je me suis alors plongé dans toutes ses biographies, son univers (chansons, films…). Et j’ai découvert un bourreau de travail et un véritable trésor artistique qu’il m’a paru indispensable de transmettre. Son fils Laurent m’a beaucoup aidé dans cette tâche. Et avec Philippe Uchan, metteur en scène, nous avons créé un vrai spectacle, mixant théâtre et cabaret, avec des « tableaux » incluant les films, les opérettes, afin d’immerger les spectateurs dans cette époque joyeuse. Avec en bonus un intermède corse spécifique pour le public ajaccien…
La sauvegarde de la langue corse est devenue l’un de tes chevaux de bataille…
Il faut savoir qu’à une époque, il était interdit de parler corse dans les cours d’école, de le chanter dans les bars, etc. C’est ce qui a créé des tensions et, disons-le clairement, les mouvements nationalistes dans les années 1970. Or dans l’article 75 de la Constitution, la langue corse est considérée au même titre que la langue basque, la langue occitane, etc. Les régions de France et leur diversité font partie de la richesse du pays. Donc on s’est élevés contre ça, et on est descendus dans la rue pour demander la création d’écoles bilingues et la reconnaissance de la langue corse. Lors de sa visite pour évoquer un statut d’autonomie, le président de la République a notamment promis des moyens accrus pour sa diffusion et sa promotion en des termes qui me font rester très optimiste. J’ai toutefois conscience qu’il ne reste que 5 000 langues à la surface du globe et que 10 à 15 d’entre elles disparaissent chaque année, donc ce serait une grave erreur de penser que ça n’arrivera pas à la nôtre, le combat doit être permanent !
Pourquoi la langue corse en particulier était-elle la cible de cette interdiction ?
Parce qu’elle a été totalement étouffée par la langue française. Dans les années d’après-guerre, cette dernière était la langue majoritaire, celle de l’administration. Et pour les parents, celle de la réussite. On a donc totalement stoppé la transmission de la langue corse (dite minoritaire, de facto). En quelques années, le phénomène s’est accentué au point de nous empêcher de la parler dans l’espace public. C’est là que s’est produit le soulèvement populaire et la machine s’est grippée. Aujourd’hui, on trouve des crèches municipales et des établissements scolaires bilingues partout sur l’île. On peut prendre le corse en LV2 au baccalauréat avec un coefficient 4, et même passer l’agrégation. L’Etat a soutenu financièrement cette réhabilitation, il faut être juste et le dire ; même si, selon moi, la coofficialité eut été sûrement l’unique possibilité de générer beaucoup plus de locuteurs pour l’avenir. D’un autre côté, étant moi-même élu et engagé, je peux comprendre la crainte au niveau étatique d’un échec au moment de franchir le pas. Néanmoins la vie politique n’est faite que de prises de risque : en cas de réussite d’un tel dispositif, la Corse aurait tout aussi bien pu devenir un laboratoire dans le domaine et un exemple à suivre en Méditerranée.
Le site de référence pour apprendre le corse
Cette résistance a forgé également l’artiste que tu es…
La polyphonie corse est aujourd’hui inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. J’ai donc été en plein cœur de ce chamboulement « culturo-politique ». Si je devais me définir, je dirais que je suis un chanteur corse, régionaliste et patriote. Mais mon éducation fait que je n’aurai jamais la haine des autres qui, au contraire, m’enrichissent… Lorsque je me retourne sur le chemin parcouru, je m’aperçois que dans la vie, deux seules choses m’ont enrichi : mon travail et les autres.
« Dans la vie, deux seules choses m’ont enrichi : mon travail et les autres. »
Tu as déjà évoqué quelques-uns de ces autres… De qui encore aurais-tu envie de parler ?
Ma rencontre avec Patrick Fiori a elle aussi été essentielle. Elle s’est produite juste avant de monter sur Paris pour jouer dans La Femme du boulanger. Grâce à lui, j’ai participé au premier album Mezu Mezu. Ensuite j’ai fait la connaissance de Bénabar (tous deux sont devenus des amis) et de nombreux autres artistes… Sur le second album Mezu Mezu, j’ai d’ailleurs eu la chance de chanter Le Tango corse avec Kad Merad. Mais je pense bien sûr aussi à tous ceux, moins connus, qui ont tout autant participé à cet enrichissement. Je garderai longtemps en mémoire le concert de l’Arena, à Paris, devant 20 000 personnes : sur scène comme dans la salle, des Corses et des continentaux unis par ce même amour de l’île ; et des artistes de renom, venus par plaisir et non par besoin, qui ont été les magnifiques ambassadeurs de notre belle langue en l’interprétant avec le cœur. Si d’aventure ils viennent nous rendre visite, nous leur rendrons au centuple ! Nous avons été ENSEMBLE, et avec les guerres qui entourent notre territoire, c’est en soit en belle victoire qui nous a tous rendus fiers ! Merci Patrick ! Merci à tous !
J’ai vu que tu t’étais mis à l’écriture, aussi…
En tant que Sartenais d’origine et catholique pratiquant, j’ai toujours été très attaché à nos traditions, notamment chrétiennes, qui occupent une grande place dans ma vie. Et il existe à Sartène la plus ancienne tradition religieuse de Corse : U Catinacciu di Sartè. Il s’agit d’une procession nocturne se déroulant le Vendredi Saint et symbolisant la montée du Christ au Golgotha. « Catinacciu », qui signifie « l’enchaîné », vient de la chaîne que traîne le « grand pénitent » habillé entièrement de rouge et coiffé d’une cagoule lui couvrant le visage. C’est un chemin spirituel de repentance souhaité par la personne elle-même dont l’identité est connue seulement du prêtre de Sartène, qui en a reçu la demande. J’avais à cœur de transmettre cette tradition mais aussi de l’intégrer dans la vie qui est ici la nôtre en y livrant un peu de moi-même comme en l’illustrant par de nombreux autres témoignages. En toute franchise, j’étais certain que ça n’intéresserait personne ! J’ai donc été très heureusement surpris du succès de ce livre et de tous les retours très positifs que j’ai reçus après sa sortie !
Puis, dans un tout autre registre, avec Julien Osty, qui est illustrateur, nous avons publié une bande dessinée d’histoires drôles : le Guide de la macagna. Chez nous, la « macagna » [magagna], c’est l’art de faire rire. Parmi toutes celles que je raconte, 99 % sont véridiques ! A la fin, j’ai aussi noté celles que Michel Galabru m’a racontées durant un an et demi… C’est également un guide humoristique d’art de vivre corse à destination des touristes, qui mentionne notamment les personnages truculents à rencontrer absolument, surtout dans les villages, qui vous accueillent à bras ouverts, vous font goûter à tout et vous font rire jusqu’au bout de la nuit ! J’en profite d’ailleurs pour rétablir la vérité car on a souvent tendance à dire que les Corses sont susceptibles. Et pour cela je citerai un humoriste bien connu ici, Eric Fraticelli alias Pido : « On peut rire des Corses, oui on peut rire des Corses, mais il ne faut pas le faire… » [rires]
Etre Corse, pour toi, ça signifie quoi ?
Notre région jouit d’une forte identité qui représente nos fondations, notre ADN. Et c’est une chance parce qu’il est vital de connaître ses racines, de savoir d’où l’on vient. Cette identité est nourrie au quotidien par :
La conservation. Nous avons à cœur de maintenir notre héritage culturel (dont les 4 piliers sont la langue, la culture, le patrimoine et notre gastronomie au sens large), et de faire vivre au quotidien nos savoir-faire, nos traditions.
La transmission. Afin de les faire perdurer, nous éduquons nos enfants à l’art de vivre et à la culture corses. Nous avons donc le devoir de parler notre langue et de la transmettre.
L’acceptation. Il ne faut pas opposer Napoléon à Pascal Paoli. Les deux ont fait l’histoire de la Corse. Napoléon a créé le Code civil (qui régit nos lois toujours aujourd’hui), les retraites, l’université… Il fait totalement partie de l’identité ajaccienne. Si on le zappe de l’Histoire, de notre histoire, on n’a rien compris au film ! D’ailleurs, le 22 novembre prochain, tous en salle car Ridley Scott a semble-t-il réalisé avec Napoléon un bijou de film (pléonasme le concernant).
L’intégration. Je suis fière d’être Corse mais plus encore de voir des gens aimer la Corse. Et pour moi, celui ou celle qui aime la Corse est Corse. Je tiens toutefois à la maîtrise de notre démographie : je veux qu’elle soit raisonnable et raisonnée. Je pense même que c’est vital, pour l’environnement, pour une belle qualité de vie, pour l’emploi… De plus, nous devons progresser dans nos équipements routiers, devenir plus autonomes dans le domaine des transports, dans la maîtrise de l’eau, des déchets, avant toute évolution démographique notable !
« Il est vital de connaître ses racines, de savoir d’où l’on vient. »
Cette défense de votre identité est une résistance contre l’uniformisation de la mondialisation…
Absolument ! Et c’est le seul domaine dans lequel je suis conservateur, sinon je suis un progressiste. Ici, les touristes ne viennent pas seulement pour la beauté des paysages ; c’est aussi cette identité qu’ils recherchent. L’île compte 300 000 habitants mais à la haute saison, nous passons à 3 millions ! Cette flambée n’est pas uniquement le fait du tourisme : 2 millions de Corses sont en effet répartis à travers le monde et une grande partie de la diaspora revient pour les vacances. Ils ne sont d’ailleurs pas forcément bien acceptés car les gens d’ici ont toujours l’impression qu’ils essaient de « leur apprendre la vie et de leur dire ce qui serait bon pour eux, tout en vivant loin ». Or c’est indispensable de maintenir le lien, ce sont les nôtres ! Ils nous représentent dans le monde entier, la Corse en a besoin !
Votre force est d’avoir réussi à vous ouvrir sur l’extérieur tout en préservant votre culture et votre environnement…
Exactement ! Il y a encore cinquante ans, la Corse était fermée sur elle-même. Mais la nouvelle génération a vécu sur le continent et beaucoup voyagé. Nous avons évolué en essayant de prendre à l’extérieur le meilleur et de laisser le mauvais. Personne n’invente rien ! Ma réelle fierté aujourd’hui c’est de voir que nos produits s’exportent aussi partout. Par exemple, le vin corse était jadis une bonne piquette, disons-le clairement ! Maintenant on en produit de l’excellent. On commence même à avoir des vins de garde, en rouge comme en blanc. Nous obtenons des reconnaissances agricoles avec des Appellations d’origine protégée (AOP) dans l’huile, le miel, la charcuterie, le fromage… C’est beau ! Je tiens à féliciter tous nos producteurs qui sont récompensés de leurs efforts et investissements.
Ton frère est d’ailleurs viticulteur, je crois…
En 2021, Paul-Antoine a repris le vignoble géré depuis 1965 par une famille de vignerons de Sartène et créé le Domaine Mondoloni. Son défi est de mener la propriété dans la continuité de ses origines en pratiquant l’agriculture biologique et la vendange manuelle. Mais pour un coup d’essai ce fut un coup de maître puisque sa première campagne viticole, baptisée Prima, est déjà un franc succès, confirmé par ce deuxième beau millésime qui s’est enchaîné ! Je suis si fier de lui, et de la famille Dermy qui transmet le flambeau avec confiance. La vie est bien faite parfois et je suis le témoin privilégié de cette belle histoire d’hommes.
Ta famille elle-même est originaire de Sartène…
On juge un arbre à ses racines et les miennes, du côté de mon père comme de celui de ma mère, sont là-bas. J’ai toujours vécu à Ajaccio mais je me rendais à Sartène tous les week-ends et pour les vacances scolaires. C’est le berceau de mes meilleurs souvenirs d’enfance et d’adolescence. Des souvenirs d’été et de liberté. Si le village est dans les terres, on trouve un petit port sur la commune à 10 minutes en voiture : Tizzano. Mais vivre dans un village de 30 ou 100 âmes l’hiver, cela serait trop âpre pour moi pour l’instant. Ajaccio compte 75 000 habitants. J’ai vécu aussi à Marseille sept ans, à Paris quasiment deux ans donc je suis citadin. Disons que je suis mezu-mezu : un urbain qui a besoin de se ressourcer dans le rural et de vivre des moments de partage, heureux, au milieu de celles et ceux qui m’ont vu naître et grandir et que j’aime, souvent ! Voilà mon équilibre.
Qu’est-ce que t’apporte principalement la ville ?
J’ai besoin non seulement de voir du monde, parce que je me nourris des autres, mais aussi d’un foisonnement culturel permanent, pour moi comme pour mes enfants. C’est d’ailleurs pour eux aussi que je fais de la politique… Faire de la politique, c’est s’occuper des tracas du quotidien de mes concitoyens, mais c’est aussi avoir et partager avec mes collègues une vision pour l’Ajaccio de 2050. Et c’est une grosse responsabilité et un challenge permanent !
Comment es-tu entré dans cette aventure ?
J’étais en tournée avec Michel Galabru lorsqu’un jour, à l’aéroport d’Orly, j’ai vu arriver Laurent Marcangeli, l’un de mes amis. Déjà député à 31 ans, il m’a proposé de m’occuper de la langue corse et plus largement de tout ce que j’aimais. La politique m’a rappelé par certains aspects ce que je connaissais déjà avec le métier d’artiste (beaucoup de travail, le contact avec le public, la séduction et l’art de convaincre, car les gens doivent adhérer non seulement à un programme mais aussi à l’homme ou à la femme qui le porte) et confronté par d’autres à des exercices auxquels je n’étais pas habitué et pour lesquels il a fallu que je m’endurcisse (dire « non », supporter les remarques blessantes…). Certes Laurent s’est montré habile, mais de mon côté je n’ai aucun regret car j’ai vraiment été piqué par le virus ! Le nouveau maire Stéphane Sbraggia m’a confié de nouvelles missions. Je suis un garçon issu des quartiers populaires de la ville, j’aime être « dans le dur »… Je pense même que c’est dans ces moments-là que je suis le plus efficace. C’est sûrement pour cela aussi que j’aime faire de la politique ! [rires]
Qu’est-ce qui te plait le plus dans tes fonctions municipales ?
Aller au-devant des gens. Je ne m’en suis jamais coupé et si cela devait arriver un jour alors j’arrêterais la politique. J’aime aussi partir d’une feuille blanche et construire un projet, le faire évoluer. Cela a été le cas notamment :
▪ du marché de Noël. Lorsque je suis arrivé aux responsabilités, il était situé place Foch, durait deux semaines, était composé de 23 chalets, coûtait 25 000 euros à la commune, et il était porté par l’élu à la voirie. Aujourd’hui c’est le marché le plus festif de France (je suis allé voir ceux de Colmar, Strasbourg, Aix-en-Provence, et même Paris…) : il se tient en plein cœur de ville, est composé de 60 chalets, dure un mois entier et coûte 500 000 euros. Les retombées économiques sont très importantes pour la Ville et le centre-ville est redynamisé en cette période, le pari est gagné !
▪ du carnaval. Je l’ai fait revenir à Ajaccio en m’entourant de carnavaliers niçois, des références. Voir 40 000 personnes dans les rues faire la fête ensemble durant 2 jours a été pour moi une très grande satisfaction.
La revitalisation du cœur de ville est un sujet qui m’intéresse beaucoup car il touche directement la population. Avec les différentes crises traversées, c’est salvateur pour tous ! Les événements sont là pour faire oublier nos tracas. J’assume donc parfaitement d’être « l’élu à la joie » pour ma Ville.
Quelques mots sur Ajaccio ?
Ici, c’est vraiment la dolce vita. J’aime profondément cette ville et ses habitants.
Qu’est-ce qu’Ajaccio a de particulier, par rapport à Bastia par exemple ?
Je connais bien sûr toute la Corse où j’ai chanté beaucoup et partout. Mais Ajaccio, c’est tout d’abord une luminosité. Nous sommes sur la face occidentale de l’île et l’hiver, par exemple, nous profitons d’une heure de soleil en plus que sur la face orientale à cause des massifs montagneux, ce qui est très bénéfique à mon mental. La mer prend aussi des couleurs incroyables ici. Les paysages changent tous les jours…
« J’aime profondément cette ville et ses habitants. »
Tu ne te verrais pas vivre ailleurs ?
Non. En revanche, partir durant un ou deux mois, j’adorerais. Ma vie idéale, ce serait de vivre à Paris l’hiver (ce qui revient ici à 3 mois) et le reste de l’année sur mon île d’amour… ■
LES ADRESSES AJACIENNES DE CHRISTOPHE MONDOLONI
Un restaurant : Le Bilboq – « Chez Jean-Jean » et ses pâtes aux langoustes.
1 rue des Glacis – 04 95 51 35 40
Un endroit où boire un verre : Le Lamparo, façon brasserie parisienne mais avec un coucher du soleil unique en pleine ville !
1 boulevard Pascal Rossini – 04 95 27 12 55
Un endroit où écouter de la musique : dans les rues piétonnes de la ville tout au long de l’été… Sans oublier de scruter le programme culturel proposé par les paillotes de la route des Sanguinaires.
Un caviste : Le chemin des Vignobles, une référence nationale.
16 avenue du Docteur Noël Franchini – 04 95 51 46 61
Une boutique de spécialités corses : U Stazzu, sans hésitation.
1 rue Bonaparte – 04 95 51 10 80
Un artisan : Leana Peretti, une créatrice de bijoux, notamment en corail, fabriqués au sein de l’atelier familial.
Vittoria, 6 rue Fesch – 04 95 21 31 02
Un magasin : pour tout ce qui est déco, j’adore La Table de Valérie (et chiner dans les brocantes de la rue Fesch ou du cours Napoléon).
2 rue Nicolas Peraldi – 04 95 22 27 09
Un lieu culturel : la place d’Austerlitz, dite du Casone, sur laquelle se passent tous les festivals de l’été !
Un endroit insolite : la citadelle, bien sûr, et ses apéros bohèmes en haute saison.
Une plage : pour le repos, la plage de Capo di Feno, à proximité du golfe d’Ajaccio (même le téléphone ne passe pas : un rêve pour vraiment déconnecter !) ; pour la fête, le KOS et ses journées ou soirées « beach – Dj ».
Retrouvez Christophe Mondoloni sur
Facebook, Instagram, Youtube
Crédits photos
Tous mes remerciements à Paule Santoni, Elisa Tramoni et Mauricette Schnider pour leur très sympathique autorisation.
Photo 1 : Wikimedia Commons / Claude Mary
Photo 9 (Sartène) : Shutterstock / Evannovostro
Photo 10 (Ajaccio) : Shutterstock / Vlad Ispas
Photos 5, 6, 7, 8, 11, 12 : Christophe Mondoloni DR