C’était mon premier salon pro depuis que ma plume a changé de bord et j’étais donc doublement heureuse d’y participer. Symboliquement, d’abord, car arpenter les allées du Parc Jourdan avec mon badge de presse autour du cou a véritablement marqué ce tournant que j’ai pris par passion pour l’art de vivre méditerranéen. Mes impressions, mes coups de cœur et mes bonnes adresses.
Lorsque les portes du TGV se sont ouvertes sur le quai de la gare d’Aix-en-Provence ce vendredi après-midi de juin, la chaleur s’engouffra et me happa. Ici, l’été était déjà là. Je m’étais occupée tardivement de mon hébergement. Comme d’habitude. Et là aussi, j’avais eu chaud ! Mais par chance je trouvai une chambre pile à mi-chemin entre la gare centrale et le Parc Jourdan. L’idéal !
Le vendredi soir, le salon faisait nocturne et après avoir aperçu le chapeau des tentes blanches des stands derrière les grilles du parc, je vis la queue devant l’entrée. Les Aixois étaient nombreux à avoir opté pour la visite à la fraîche. Dès le lendemain, je me jurais de faire de même l’année prochaine ! D’autant plus que j’ai cru comprendre que l’ambiance est particulièrement sympathique à ce moment-là.
Mais pour l’heure, c’est vers le vieux Aix que je me dirigeai afin de redécouvrir cette jolie ville que j’avais un peu oubliée et profiter de ses terrasses. J’y ai d’ailleurs dégoté un formidable resto, tellement chouette que j’y suis retournée le lendemain.
Tous les liens (hôtel, resto et coups de coeur) sont indiqués en fin d’article.
ATMOSPHERES
Au cœur de la fournaise aixoise, qu’il était agréable de pouvoir se rafraîchir à l’ombre de petites oasis bienfaisantes. A côté de celles joliment mises en scène par Alinéa, nous étions nombreux à aller souffler un peu dans celui de Manganèse. Je crois que nous avions tous la même idée en le traversant : fermer les portes et nous y installer !
BELLES RENCONTRES
L’un de mes objectifs, avec Carnets Méditerranéens, est de mettre en lumière le travail d’artisans, de créateurs, de producteurs locaux et donc de produits « Made in Méditerranée » (tous pays et secteurs d’activité confondus : décoration, cosmétiques, mode, saveurs…) alliant qualité de la forme (esthétique…) et du fond (fabrication, éthique…). Mais au-delà de ce qu’ils font, je m’intéresse avant tout à ce qu’ils sont. Car c’est toujours cela qui me donne envie de créer du lien, même professionnel.
Artisanat tunisien
Zynafouta
Zyna veut dire « jolie » en tunisien. Et tout est joli, chez Zynafouta : les authentiques foutas de toutes les couleurs, bien sûr, mais aussi le sourire de Soulef, sa gentillesse, son accueil…
J’ai tout de suite été invitée à m’asseoir au milieu de cet arc-en-ciel de douceur et nous avons papoté comme des copines de toujours pendant que monsieur réparait une suspension en fibres végétales. S’il avait fait moins chaud, Soulef m’aurait offert un thé à la menthe. Si on le boit certes dans le désert, nous ne pouvions nous y résoudre, d’autant que je venais de croiser un esquimau… au citron qui occupait toutes mes pensées !
Je suis repartie le sourire aux lèvres avec plusieurs foutas sous le bras pour mes amies ; et la mienne, turquoise et orange, que Soulef m’avait adorablement offerte. Car rappelons que la fouta, devenue depuis quelque temps un objet de mode dont la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, est à l’origine issue de l’artisanat tunisien et ne fait que s’embellir avec le temps. Prenez donc celui, au-delà de l’aspect immédiatement attractif des choses, de vous pencher sur leur composition, leur fabrication, leur origine… Pour rester encore un peu dans cette Tunisie si hospitalière, je traversai juste l’allée pour me rendre chez Samak…
C’est en flânant devant les échoppes de la médina de Tunis que leur est venue l’envie de créer Samak. Ils ont alors sillonné tout le pays pour aller à la rencontre de ses artisans, avec lesquels ils travaillent directement, dans une relation durable et une démarche éthique, afin de mettre en valeur cet artisanat encore mal connu et pourtant très riche tant ce petit pays situé au cœur du bassin méditerranéen a brassé de multiples cultures.
Samak est l’histoire de rencontres : d’abord celle de Lucie, française, et de Ouahid, tunisien, donc des rives Nord et Sud de la Méditerranée, avec comme ponts l’amour et la passion de l’artisanat. Bref une histoire comme je les aime !
Lorsque je suis passée sur le stand, en fin d’après-midi, Ouahid m’a lui aussi très gentiment invitée à m’asseoir et raconté avec passion son projet et les spécificités de l’artisanat de son pays, en me montrant des objets, des photos, des livres pour illustrer ses propos.
Vous retrouverez la même convivialité dans leur boutique-café de Lyon, à l’ambiance chaleureuse de médina. Allez y faire un tour pour discuter autour d’un café de dattes (connaissez-vous cette spécialité ?) et de quelques pâtisseries tunisiennes. Dépaysement garanti !
Samak veut dire « poisson » en arabe. Et en Tunisie, il est symbole de protection, de prospérité et de chance. C’est tout ce que je souhaite à Lucie et Ouahid !
Artisanat turc
Je désespérais de trouver la Turquie dans ce salon, mais mes pas m’y ont conduite tout seuls… Là, au bout d’une allée, se trouvait le petit stand de Cotton Royal, où s’amoncelaient peshtemals et serviettes de bain d’une douceur, d’une souplesse et d’un moelleux incomparables, fruit d’un véritable savoir-faire tisserand garant de qualité et d’authenticité.
C’est là que j’ai rencontré Bahar et Jean Kotzky, avec qui j’ai discuté comme si nous nous connaissions depuis toujours, nous rejoignant dans notre amour de la Méditerranée, notre aspiration au partage des cultures, notre appel aux échanges et à la tolérance… Je suis repartie aussi avec plein de super adresses à Istanbul et bien sûr deux merveilles couleur lagon ! Un joli moment hors du temps, du bruit et de la foule dont je me souviendrai.
Artisanat égyptien
J’ai trouvé également chez Artisans du Nil la passion, le goût du partage et un charmant accueil, à l’écoute de mon propre projet. Au milieu des lampes ajourées, des verres colorés, des textiles…, Ludovic Piantanida m’a raconté l’histoire de chaque objet.
Après 23 ans de vie au Caire où ils avaient ouvert la boutique-librairie Oum El Dounia, lui et sa femme se sont installés à Villedieu, joli village du Vaucluse, où ils ont créé Artisans du Nil, qui conserve le même ADN, afin de promouvoir et distribuer en France l’artisanat d’Egypte, riche de son histoire, d’un héritage parfois millénaire. Lui aussi a une âme et offre une dimension humaine et des produits sortant des sentiers battus dans un monde de plus en plus standardisé.
Pour cela, ils collaborent directement avec des artisans indépendants, des associations de femmes, des ONG et de jeunes designers des quatre coins du pays pour créer des modèles aux designs contemporains, tout en valorisant un savoir-faire parfois ancestral transmis de génération en génération.
Décoration
Lumière et senteurs de Provence… J’avais été immédiatement séduite par le design à mon sens particulièrement réussi de la collection « Traversée » de Lou Candeloun, qui fabrique à Marseille des bougies naturelles, et j’attendais avec impatience le salon pour pouvoir toucher ces jolis objets et mettre mon nez dessus. Il n’a pas été déçu !
Les fragrances sont elles aussi de grande qualité, subtiles tout en offrant chacune une vraie personnalité. J’étais bien sûr venue chercher celle au doux nom de « Méditerranée » (le plus petit format pour commencer – qui augmentera symboliquement avec le développement des Carnets !), mais on a envie de prendre toute la « collec » !
Pour moi, La Maison Pernoise, c’est d’abord une grande brune dotée d’une forte personnalité : Lau. Je l’ai rencontrée sur un autre stand que le sien, « l’aquarium » de Fred (« Les curiosités de Fred »). Deux femmes qui semblent avoir eu mille vies et pourraient vous embarquer sur leurs voyages au long cours durant des heures. Lorsque je suis allée plus tard lui rendre visite dans son propre univers, en teck, cèdre, lin, chanvre, rotin, osier, terre cuite, laiton…, nous avons bien sûr parlé de la Méditerranée, qu’elle traverse régulièrement pour aller dénicher sur l’autre rive des pièces uniques et insolites.
Le thème « Etat brut » du salon de cette année collait parfaitement à La Maison Pernoise que Lau Dejente a créée en 2013 dans une ancienne ferme agricole volontairement laissée « dans son jus » afin d’y mettre en scène des meubles, des objets de déco et des ustensiles de cuisine dont la beauté authentique va à l’essentiel. Un style ethnique chic et naturel. Une ligne de conduite faisant fi des tendances changeantes, poursuivie depuis le début, qui fait sa différence et son identité.
Bijoux
Je les avais déjà repérés depuis un moment sur Insta, les bijoux Be by Cat. Au-delà des coups de cœur, je suis également sensible aux signes, alors je me suis dit qu’ils étaient aussi forcément « be for Cat »…
Il y avait du monde et de la joie sur le petit stand. Celle que provoquent les bijoux qui vous mettent le cœur et la tête en été. Le plus difficile était de choisir entre cette ravissante chaîne de cheville et son adorable petit coquillage, ce ras-de-cou ou ce bracelet… On essaie, on compare, on tente d’être raisonnable ! Quelqu’un vient de prendre le premier modèle qu’on avait vu… Un peu la sensation de s’être fait piquer le dernier éclair au café chez le pâtissier ! Mais c’est que ce ne devait pas être celui-là. Aujourd’hui, dans une démarche de consommation beaucoup plus raisonnée, j’attends le vrai besoin ou le vrai coup de cœur.
Et d’un coup je l’ai vu : un bracelet en cornaline et turquoise, aux couleurs choisies pour Les Carnets Méditerranéens, celles du soleil et de la mer… Un signe ! Je ne l’ai plus quitté depuis qu’il a été attaché à mon poignet et à chaque fois que je le regarde, il me ravit et je souris…
Pascale est avant tout créatrice de bijoux. Mais en hommage à la beauté de sa Corse d’origine, elle a souhaité créer aussi un parfum inspiré par son île : sa lumière, la couleur de son eau, ses odeurs (bergamote, baies roses, iode…). Ainsi est né Meria, qui est le nom d’un village du Cap Corse. J’étais déjà séduite par l’objet tant il est chic, solaire, et a été pensé avec le sens du détail : chaque flacon est présenté dans un pochon en coton blanc et doré, et orné d’un bracelet-cordon turquoise auquel est accrochée la pampille de la marque dorée à l’or fin.
J’aurais pu aller le sentir dans une des boutiques parisiennes où il est distribué. Mais comme j’avais rendez-vous avec Pascale sur le salon, j’ai préféré attendre. Et j’ai alors eu le triple plaisir de rencontrer une jeune femme élégante et lumineuse, de tenir dans ma main un vrai petit galet et, loin d’une simple eau fraîche estivale comme il en existe beaucoup, de m’imprégner d’un parfum subtil, recherché, travaillé…, d’où s’élèvent aussi des notes d’ambre et de musc. Bref, tout ce que j’aime !
Beauté & bien-être
Virginie est certainement une des premières personnes avec lesquelles j’ai été en contact après la création de Carnets Méditerranéens. De son côté, elle était en pleine campagne de crowdfunding de Provence Chérie, dont l’objectif est de valoriser le savoir-faire provençal et la création française en faisant découvrir des marques responsables et éthiques de cosmétiques naturels et bio.
Nous étions convenues, avec elle aussi, de nous retrouver sur le salon. Et c’est assises à l’ombre, sur les marches de l’amphithéâtre, que nous avons papoté et qu’elle m’a raconté son aventure. Mais je ne vous en dis pas plus ici car je publierai son interview à la suite de cet article. A suivre…
Saveurs
J’espérais croiser Sabine, aussi, mais nous nous sommes manquées de peu… La prochaine fois ! En attendant, je navigue régulièrement dans sa belle sélection de produits du Sud avec l’envie de tout goûter et j’ai le plaisir d’échanger fréquemment avec elle.
CE N’EST QU’UN AU-REVOIR
Le dimanche, je suis retournée faire un tour au salon en repassant sur tous mes stands fétiches pour dire au revoir…
S’il devait ne me rester qu’une chose de cet événement, c’est la rencontre de ces personnes chaleureuses avec lesquelles j’ai pu partager mon amour de la Méditerranée – cet espace d’échanges et de constructions depuis des millénaires, que certains veulent aujourd’hui transformer en espace de frontières et de fractures -, mon désir de mélange des cultures, mon espoir de tolérance, d’unité et de paix. Je suis heureuse d’avoir entendu cet écho et ne doute pas qu’il continuera sans fin de se propager. ■
Salon Vivre Côte Sud
Aux portes de l’été, depuis 2005, à Aix-en-Provence, dans le beau Parc Jourdan, le salon Vivre Côté Sud, illustration vivante du magazine Côté Sud, est devenu le rendez-vous de tous les amoureux de l’art de vivre méditerranéen, de la Provence ou de la Riviera à toutes les terres du bassin.
Mon hôtel
Odalys City – Les Floridianes – 24 boulevard Albert Charrier – 13090 Aix-en-Provence
Absolument parfait en termes géographiques, non seulement pour se rendre au Parc Jourdan mais aussi dans le centre-ville. Les chambres sont spacieuses et confortables, l’entretien impeccable. Mais mon coup de cœur va à l’accueil, absolument adorable.
Mon resto
Le Café Voltaire – 44 rue Espariat – 13100 Aix-en-Provence
Un joli resto du Vieux Aix, aussi agréable en salle qu’en terrasse, où l’on se régale et où l’accueil est très sympa. Que demander de plus ? Raison pour laquelle j’y suis allée deux soirs de suite…