Près du Cap Corse, les Agriates forment un territoire de 15 000 hectares délimité par la mer Méditerranée au Nord, un massif montagneux (« Serra di Tenda ») au Sud, la région de la Balagne à l’Ouest et celle du Nebbio à l’Est. Fait de vallons, de crêtes et sommets, sans oublier ses 40 kilomètres de côtes et ses nombreuses plages et criques, c’est un espace unique d’une beauté à couper le souffle niché au cœur d’une nature préservée (inscrite parmi les sites de protection Natura 2000). Plusieurs options s’offrent à vous selon vos envies et le temps dont vous disposez pour l’explorer : à pied, en 4×4, en bateau… Je vous emmène, suivez-moi !
Article publié dans le cadre du partenariat entre Carnets Méditerranéens et The Mediterranean Lifestyle.
Texte : d’après les notes de voyage de Dominique Marché
Photos : © Dominique Marché
Pour y accéder, en passant par la D-81, vous trouverez trois chemins : l’un vous conduira, par une piste carrossable de 12 kilomètres, vers les plages de Saleccia et du Lotu ; les deux autres, plus proches de l’Île-Rousse, vous feront découvrir les criques de Ghignu et Malfalcu par une dizaine de kilomètres de piste également. Pour ces deux expéditions, je vous conseille de louer un 4×4. C’est ce que j’ai fait et en plus j’ai pris un guide ; je vous garantis que j’en ai eu besoin, ne serait-ce que pour passer les ornières des chemins rocailleux et les guets des ruisseaux qui les traversent. Dès que nous avons amorcé celui menant à la plage de Saleccia, nous avons découvert les premiers bris de voitures, ce qui me conforta dans mon choix de véhicule. Ces coins de paradis se méritent…
PAS SI DÉSERT QUE ÇA !
Durant des siècles et jusqu’à la moitié du vingtième, les Agriates constituèrent le grenier du nord de la Corse (leur nom vient d’ailleurs du latin « ager » : agriculture). Les transhumances et les semailles rythmaient alors la vie de ces terres, et les nombreuses bergeries que vous rencontrerez lors de leur traversée en sont les derniers vestiges. C’est après le Première Guerre mondiale que la situation changea car de nombreux jeunes hommes corses ayant été tués, l’activité agricole périclita. Raison pour laquelle ce territoire déserté fut surnommé à tort (par des touristes anglais, semble-t-il) « désert des Agriates », terme ensuite repris par de nombreux guides. Mais ne l’employez jamais devant un Corse, vous risqueriez de le voir changer d’humeur ! Riches d’une flore et d’une faune abondantes, les Agriates n’ont en effet rien d’un désert. En outre, de nombreuses cultures y sont encore exploitées sur les plaines agricoles à la périphérie, comme les vignes, les oliviers, et les prairies pour les pâturages.
Ne dites jamais à un Corse « le désert des Agriates », vous risqueriez de le voir changer d’humeur !






CÔTÉ MAQUIS
En pénétrant les sentiers, vous découvrirez le seul « désert » européen et son fameux maquis corse, impénétrable et protecteur pour toute la faune endémique de l’île, comme le petit lézard tyrrhénien à la peau marbré de vert et de noir. Parfois, au détour d’un chemin, vous pourrez apercevoir quelques sangliers surgir devant vous…
Ici, point de sable, mais une végétation aride et diversifiée. Vous y trouverez malgré tout une multitude de sources, de marais et d’étangs, au fur et à mesure que vous vous avancerez vers la côte.
Près du rivage, le paysage change radicalement et la végétation rase fait place aux arbustes (arbousiers, citres…) et aux arbres (genévriers à gros fruits, chênes vert, saules…).
CÔTÉ LITTORAL
Mais la découverte de cette région ne se fait pas que par les chemins de muletiers. Vous pourrez également en profiter pleinement par le sentier du littoral.
Là, les masses granitiques s’adoucissent (en raison de la longue érosion des vents marins) et, les pieds dans le sable blanc de Saleccia ou du Lotu, le Cap Corse et ses montagnes bleues s’offre à vous et laisse votre regard rêveur. Le temps s’arrête l’espace d’un instant… L’air iodé, le sable fin, les eaux transparentes aux reflets turquoise, tout y est : on pourrait se croire dans les Caraïbes… s’il n’y avait pas quelques vaches sur le sable à profiter également du soleil et des herbes saturées de sel marin. C’est le charme unique de la Corse que vous contemplez.
Avant de partir, renseignez-vous pour connaître les conditions météorologiques car en cas de grand vent, le sentier est généralement fermé pour la sécurité des randonneurs. Celle-ci se fait en deux ou trois jours, du village de l’Île-Rousse jusqu’à celui de Saint-Florent. Par ce chemin, vous aurez l’occasion de découvrir anses, criques sauvages et plages de sable blanc aux eaux cristallines qui ne vous donneront qu’une envie, plonger et vous rafraîchir en explorant les fonds marins.
Le Conservatoire du littoral a racheté l’ensemble des côtes du territoire pour stopper toutes les velléités d’urbanisation…



UNE RANDONNÉE EN 3 ÉTAPES
Depuis l’Île-Rousse, l’excursion se déroule en 3 temps.
- Le premier (6h30 environ) débute au bout de la plage de l’Ostriconi. A l’anse de Vana, vous découvrirez le sentier qui longe tout le front de mer et vous fera passer, en surplombant cette dernière, par de nombreux points de vue dont celui de toute beauté de la Marina d’Alga, ainsi que par l’anse de Malfalco et ses fameux oursins. L’arrivée à la plage de Ghignu marquera votre première halte. Vous y trouverez pour vous héberger durant la nuit d’anciennes bergeries – appelées « paillers » (« pagliaghji« , en corse). Restaurées et aménagées en refuge, elles permettent de recevoir quatre à six personnes. Les couchages sont rudimentaires mais après six heures de marche, même à travers un paysage exceptionnel, je vous assure qu’une simple planche de bois vous suffirait pour dormir… D’ailleurs ce sont des planches ! Alors n’oubliez surtout pas votre matelas et votre sac de couchage… Les feux et le bivouac y étant strictement interdits, pensez également à prendre un réchaud, de l’eau potable et votre repas car aucun ravitaillement ne sera possible à cet endroit-là…
- Le deuxième (2h45 environ) vous permettra de rejoindre la belle plage de Saleccia (où fut tournée une partie du film « Le Jour le plus long »). C’est l’étape la plus confortable. Vous y trouverez un camping, situé à 300 mètres de la plage, proposant des chambres et un service hôtelier ou, pour continuer à dormir à la dure, des emplacements de tentes pour la nuit. Une épicerie est à votre service également : pensez à votre ravitaillement car le lendemain, la fin du parcours sera superbe mais longue !
- Le dernier (5h30 environ) vous mènera à Saint-Florent. Cette ultime étape vous donnera l’occasion de découvrir la superbe plage du Lotu et, juste derrière, l’exceptionnelle tour génoise de la Mortella qui, les pieds dans l’eau, résiste toujours aux nombreuses tempêtes et aux assauts des vagues.
Après ce passage vous apercevrez enfin le bout de votre excursion, avec le port de Saint-Florent et sa citadelle. Ils se trouvent à portée de main, enfin presque ; encore deux heures de marche et les terrasses du petit port de pêche vous tendront les bras pour un repos bien mérité.






VERSION FARNIENTE
Si la marche n’est pas votre truc et que vous avez juste envie de profiter des superbes plages du Lotu et de Saleccia, j’ai la solution ! Sur le port de Saint-Florent, vous trouverez plusieurs compagnies maritimes proposant diverses options : taxi-boat, navette, croisière… Vous pourrez ainsi choisir soit de longer les côtes avec un arrêt baignade de 30 minutes, soit de passer la journée sur une plage (combiner les deux est aussi faisable). Il vous sera possible également de louer un bateau pour vous promener sans contrainte, en dehors peut-être de celle d’éviter les hauts-fonds qui sont nombreux sur cette partie de la côte, et ainsi profiter d’un moment de farniente et de baignade sur des fonds exceptionnellement préservés.
Voilà, ce voyage se termine à regret… J’espère que ce petit aperçu vous donnera l’envie de découvrir par vous-même cette région qui a su conserver son caractère sauvage grâce à l’absence d’habitation et surtout de route goudronnée.
Saleccia, Perajola, Lotu, Ostriconi… Si ces noms de plages vous font rêver, passez du rêve à la réalité en partant dès que possible à la découverte des Agriates et des beautés de la Corse !
De mon côté, je range mes chaussures pleines de sable et vous dis à bientôt pour une prochaine escapade ! ■
INFORMATIONS PRATIQUES
OFFICES DE TOURISME
Saint-Florent : 04 95 37 06 04
L’’île-Rousse : 04 95 60 04 35
A PRÉVENIR AVANT TOUTE RANDONNÉE
Gardes départementaux du littoral : 08 99 71 02 20
CONSERVATOIRE DU LITTORAL
Balade à télécharger (PDF)
www.conservatoire-du-littoral.fr
LOCATION DE 4×4 + GUIDE
St.Flo 4×4
Route de la plage
20217 Saint-Florent
06 23 01 68 79 – 04 95 37 06 42
www.stflo4x4.com
PROMENADES EN MER
Le Popeye
Saint-Florent
04 95 37 19 07 – 07 55 53 25 23
www.lepopeye.com
HÉBERGEMENT
Du 1er mai au 15 octobre
Les Refuges de Ghignu
04 95 59 17 35
ghignu@haute-corse.fr
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