La belle Catalane est une ville à l’identité forte et aux traditions bien ancrées où l’Espagne pousse un peu sa corne… Il faut dire que l’ancienne capitale du royaume de Majorque lui fut d’abord liée avant d’être rattachée à la France. C’est une ville très « Sud », chantante et dansante, aux ruelles ombragées, aux places animées, aux façades colorées, où il est très agréable de flâner. Il y fait beau et chaud (même si, comme le mistral, la tramontane peut rendre fou !), on y mange bien, l’ambiance y est festive et conviviale, et sa situation « entre mer et montagne » est exceptionnelle. Si elle mérite bien sûr qu’on s’y attarde, vous pourrez déjà en un week-end vous imprégner de son atmosphère qui ne vous donnera qu’une envie : vite revenir !

LE CASTILLET

Au 14e siècle, Perpignan était une ville fortifiée dont le Castillet, devenu aujourd’hui l’emblème de la cité, constituait l’une des entrées. C’est d’ailleurs en passant sous l’arche de cette porte Notre-Dame, entourée de murs en brique imposants sublimés par le soleil couchant ou leurs nocturnes illuminations, qu’on sent véritablement qu’on pénètre dans la vieille ville. Un passage que j’aime beaucoup emprunter. Lorsqu’on a le courage de gravir les 142 marches qui mènent tout en haut du donjon, on s’en trouve alors récompensé par le superbe panorama qui s’offre à nos yeux… Cet édifice joue un rôle fédérateur pour les Perpignanais car il est toute l’année le gardien de la flamme de la Saint-Jean et un lieu de rassemblement lors de tous les grands événements.

LES PLACES

Qu’il fait bon flâner au gré des ruelles et placettes colorées et ombragées de Perpignan ! C’est peut-être là que la belle Catalane cache ses plus grands trésors ! Hâte de m’y replonger, d’en découvrir d’autres, de ravir encore mes yeux de toutes ces jolies façades aux teintes vives ou patinées par le temps, d’entendre ces éclats de voix ou de rire s’échapper des fenêtres, de voir ces voisins discuter d’un balcon à l’autre, de m’asseoir à une terrasse pour grignoter quelques tapas et regarder passer les passants dans la lumière dorée du soleil couchant…

Place de la Loge

C’est véritablement le cœur historique de la vieille ville de Perpignan. Animée d’un flot ininterrompu de passants et de la terrasse du Grand Café de la Bourse, vos pas vous y ramènent toujours. Ne manquez pas d’y passer une fois la nuit tombée lorsque tout est illuminé : magique ! Siège du pouvoir à partir du 14e siècle puisque s’élevaient alors côte à côte la Loge de mer (pouvoir marchand), l’hôtel de ville (pouvoir municipal) et le palais de la Députation (pouvoir de la Catalogne), la mairie s’y trouve encore. Quant à la Loge de mer, elle accueille aujourd’hui l’Office de tourisme. Ce superbe bâtiment gothique fut construit en 1397 pour abriter le consulat de mer (tribunal maritime + Bourse du commerce), raison pour laquelle une girouette en forme de navire lui sert de « figure de proue » (il s’agit d’une copie, l’original se trouvant dans l’hôtel de ville). Agrandi en 1540, il devint par la suite un théâtre puis une brasserie.

Place Arago

Depuis le Castillet, on peut aussi rejoindre la place Arago en suivant le verdoyant quai Vauban. Et au milieu coule une rivière… (la Basse). L’occasion d’une agréable promenade ombragée suivie d’un café ou d’un déjeuner en terrasse. Pour ma part, j’ai opté pour celle du Café Vienne (institution du coin dans le style des brasseries parisiennes 1920), et ses moules de Galice gratinées à l’aïoli accompagnées d’un verre de blanc ! Ainsi va la vie à Perpignan…

Place de la République

Située au cœur de la vieille ville, dans le quartier Saint-Jean, la place de la République est l’une des plus grandes de Perpignan. On peut sillonner sa dalle de long en large, admirer ses façades, faire du lèche-vitrines ou s’asseoir à la terrasse d’un de ses cafés ou de ses restaurants. Tous les matins, un marché y déploie ses étals et toute l’année, un manège ancien y fait tourner ses chevaux de bois. Ce n’est pas celle que je préfère. Je les aime plus ombragées (ça tape, ici !), plus intimistes… Mais cela reste un bel espace, notamment architectural. Ah, les façades perpignanaises ! Son nom a changé bien des fois au cours de l’histoire, au gré des différents régimes politiques C’est à la fin du 19e siècle qu’elle se fit républicaine.

Place de la Révolution française

En haut des marches se trouve la porte de la chapelle du Tiers-Ordre (1774) du couvent des Dominicains. Un des rares exemples d’architecture Louis XVI en Roussillon.

Le Palais des rois de Majorque

C’est par des grands escaliers cavaliers qu’on accède au Palais des rois de Majorque, un des incontournables joyaux de Perpignan. Construits entre les remparts dans les années 1950 à l’occasion de l’ouverture du monument au public, ils suivent le tracé du chemin d’origine et, parfaitement intégrés à l’ensemble, préparent l’œil aux fastueux volumes qui l’attendent à l’intérieur de l’enceinte.

Érigé à la fin du 13e siècle (entre 1274 et 1309) sur une colline au sud de Perpignan, le Palais des rois de Majorque subjugue par ses volumes, ses décors peints, ses plafonds, ses galeries ouvertes, sa superbe cour d’honneur carrée…, rappelant le passé prestigieux de la ville qui fut le centre économique, politique et culturel de la Méditerranée médiévale. Longtemps appelée simplement « Château de Perpignan », la forteresse ne fut baptisée Palais des rois de Majorque (Palau dels reis de Mallorca, en catalan) qu’au 19e siècle. Et c’est en 1935 que le domaine fut inscrit à la liste des monuments historiques.

Dans les galeries de la cour d’honneur, chaque détail concourt à faire de cet endroit un lieu d’exception : murs en galets de rivière et cayrous (construction typiquement catalane), portes en marbre, grandes arches en pierre de taille, poutres hautes en couleur, loggias, volumes, vue… Difficile d’arriver là sans pousser des cris d’admiration. On monte, on descend, on entre par une porte, on ressort par une autre, à la recherche du meilleur angle… Mais aucune photo ne pourra montrer ce que l’oeil parvient à embrasser ici tant les perspectives sont multiples et grandioses !

Incontournable avant de quitter le Palais des rois de Majorque : monter tout en haut de la tour de l’Hommage (ça se fait bien, pas de panique !) face à laquelle se dresse la Torre Major et d’où l’on jouit d’une vue panoramique sur la ville et la région, de la Méditerranée au massif des Corbières en passant par le pic du Canigou dans les Pyrénées.

Après la visite du Palais des rois de Majorque, je vous conseille de rejoindre le vieux centre en flânant dans le dédale de ruelles qui y mène. Ne manquez pas de passer :
• rue Paratilla : un marché méditerranéen de poche haut en couleurs, saveurs et odeurs qui vous transportera entre Andalousie et Maghreb !
• rue de l’Ange, chez Vincent Boulin, pour craquer sur quelques Rousquilles…
En sortant, prenez la rue des Archers (à droite), la rue des Rois de Majorque (à droite), la rue Petite la Monnaie (à gauche) et laissez-vous porter…

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste

Grandiose exemple du style gothique méditerranéen, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, située place Gambetta, fait partie d’un vaste ensemble comprenant notamment le Campo Santo, cloître-cimetière unique en France. Elle fut construite entre 1324 et 1509, à l’époque où Perpignan était la capitale du royaume de Majorque et avait donc besoin d’un édifice religieux à sa mesure, lequel fut en fait ajouté à l’église romane Saint-Jean-le-Vieux, la plus ancienne de la ville. Nef de 72 mètres de long sur 26 mètres de haut, retable du maître-autel en albâtre, cuve baptismale en marbre blanc, nombreuses chapelles richement décorées… : elle en impose, et c’était bien le but !

A voir aussi…

S’il vous reste du temps, en fonction de vos centres d’intérêt :

  • Hôtel Pams (18 rue Emile-Zola) : avis aux amateurs d’Art nouveau : ne passez pas à côté de cette merveille ! 
  • Musée d’art Hyacinthe-Rigaud (21 Rue Mailly) : installé dans deux hôtels particuliers du centre-ville, ses collections présentent un panorama de l’histoire de Perpignan du XVe au XXe siècles. Les œuvres de Hyacinthe Rigaud jalonnent la période baroque tandis que l’époque moderne s’articule autour des œuvres d’Aristide Maillol, Pablo Picasso, Raoul Dufy, Jean Lurçat…
  • La poudrière (rue François Rabelais) : construite sous Vauban, c’est aujourd’hui la seule rescapée. Elle abrite un plan-relief de la ville aux 17e-18e siècles.

Crédits photos : © Catherine Hoss-Mesli / Carnets Méditerranéens

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